Vicaires à la fin de l'Ancien Régime.

Dans les registres paroissiaux de l’Ancien Régime à Écoche, certains actes de catholicité sont signés de vicaires. A cette époque, le vicaire quand il y en a, est considéré comme « l’homme du curé » et en principe un évêque ne peut nommer un vicaire sans l’accord du curé. Les vicaires sont socialement issus des couches sociales les plus pauvres car ils n’ont pas assez de revenus au départ pour « acheter » les bénéfices d’une cure (dans le cadre d’une «résignation»). Leurs revenus viennent d’un modeste reversement de la dîme octroyée au curé (déjà modeste) et du casuel lorsque le curé les autorise à administrer le sacrement du baptême ou celui du mariage ou à pratiquer une sépulture ; dans ce dernier cas le montant reçu est en général plus consistant. Il y a des vicaires particuliers lorsque par exemple une cure est vacante. Bref cela n’est qu’un résumé de situations très variées.

 

Pour ce qui concerne Écoche, on relève :

 

-la présence d’un vicaire, l’abbé Michel*, au moment de la disparition subite du curé Boisseaud, en 1765. Il est alors dit vicaire desservant. Il a peut-être été proposé par l’archiprêtre, curé de Saint Igny de Roche, Gacon. Dans l’urgence ce fut le curé de Coublanc, Duperron, qui procède à deux enterrements en octobre, deux enfants placés en nourrice. La première occurrence de Michel arrive en novembre 1765 ; il administre 33 baptêmes, donne 8 bénédictions nuptiales et enterre 15 morts jusqu’en octobre 1766. La présentation des actes est soignée et contrairement à son prédécesseur, il donne la plupart du temps le nom du village, ce qui est intéressant pour l’historien. François Carré n’arrive donc qu’un an après le décès de Boisseaud ; on ne sait pas où il était curé auparavant et il a dû défrayer les héritiers de Boisseaud, notamment les Lebreton, dont l’un épousera une nièce de Carré, peut-être amenée avec sa sœur pour l’aider dans les taches matérielles.

 

-la présence de plusieurs vicaires qui ne durent rester que peu de temps et venir au secours de François Carré, vieillissant -en même temps que la population paroissiale avait fortement augmenté.  Il s’agit de Wanprudely (si tant est que son nom se lise ainsi dans la signature) en 1786 pour 1 mariage et 3 baptèmes ; de   Polliet entre janvier et septembre 1787 pour 6 baptèmes, 2 mariages et 3 enterrements. Quelques années plus tard, on trouve (1791 et sq) un curé constitutionnel à Chénelette du nom de Polliet. Il pourrait s’agir de la même personne quand on sait que nombre de membres du bas clergé ont prêté le serment. Il y remplace le curé Henri Poyzat****, né à Écoche (et apparenté à une nièce du curé Carré) et qui cesse brutalement son ministère à Chénelette en juin 1791, après la décision du pape de ne pas reconnaître la constitution civile du clergé.

 

Ensuite on trouve en 1788 et au début 1789 le vicaire Martinon pour 6 baptêmes, 1 mariage et 4 enterrements ; puis à la fin 1789 l’abbé Brosse est là pour 1 enterrement, 5 baptêmes et 5 mariages. Sans doute est-il novice car pour son premier mariage, il est précisé «...et ce en présence de monsieur le curé d’Écoche » . En 1790 on a un vicaire Derepierre** pour 3 enterrements et 1 baptême ; après lui Chevalier*** pour un seul baptême.  Enfin il semble que le dernier vicaire ait été Saint-Didier, très actif entre janvier et juin 1791 : 11 baptêmes, 3 mariages 5 enterrements (dans le même temps Carré ne signe que trois actes). Ce prêtre Saint-Didier  a-t-il prêté le serment ou non ? Peut-être est-ce lui qui est guillotiné à Lyon comme réfractaire en 1794. Ou bien, au contraire fait-il partie de ces prêtres engagés dans l’action révolutionnaire ? A Charlieu en 96-97 on trouve un ancien prêtre nommé Saint Didier comme commissaire du directoire exécutif près l’administration du canton de Charlieu et il y est particulièrement redouté.

 

On a la trace d'un autre vicaire : au moment du transfert des registres de la paroisse à la municipalité, en 1793, Laurent Glatard le maire et Silvestre le greffier notent les curés qui ont signé les registres anciens. Parmi eux un vicaire du nom de Davalon. Depuis, ces registres Davalon ont dû être perdus. Sans doute s'agit-il d'un vicaire ayant assuré la transition  entre Blaise Mathieu et Jean Durris. Ce nom de famille Davalon est assez fréquent à l'époque dans la région proche de Matour, notamment à Joncy où au milieu du XVIIeme le curé était Philibert Davalon.

 

* Michel fut plus tard vicaire à Coublanc du curé Renard: en 1785 c'est en tant que vicaire de Coublanc qu'il assure une transition très brève à Mars  entre le décès du curé Delafay et l'arrivée du successeur Captier. Auparavant il avait exercé à Chauffailles de 1756 à 1760.

**En 1787, Derepierre est vicaire à Saint-Maurice-les-Chateauneuf ; auparavant en 1783 et 84 il l'avait été à Saint-Pierre-le-Vieux.

*** Chevalier est en réalité le vicaire de Moulin curé de Belmont depuis juillet 1785, où il est très actif -Il signe plus d'actes de catholicité que Moulin lui-même - On peut donc penser que ce baptême à Écoche est une exception (il est vrai qu'il s'agissait du baptême de la fille de Laurent Glatard). Chevalier reste à Belmont jusqu'en mai 1791 après quoi seul Moulin, qui avait prêté serment, continue de signer les actes. Il n'est pas impossible que Chevalier ait été réfractaire. Le vicaire précédent à Belmont était devenu en 1985 curé de Vareilles, changement de statut,pas si fréquent à l'époque..

****Il est intéressant de noter comment pouvait se transmettre parfois l'instruction et les bénéfices curiaux. Poizat a d'abord été vicaire à Chénelette du curé Destre. Jean Destre originaire d'Arcinges, fils de notaire fut reçu docteur en théologie, peut-être grâce à  son oncle Jean-Louis Boisseaud curé d'Écoche ; c'est Jean-Louis Boisseaud qui baptisa à Écoche Henry Poizat en février 1749, lui-même neveu de Jean Destre.